article de Liberté / le Bonhomme libre du 28 janvier 2000

La fin du micro-ondes : 1100 emplois sur le carreau

L'usine de Cormelles le royal passe à la moulinette

L'arrêt de la production des fours micro-ondes plonge toute l'agglomération caennaise sous le choc . On espérait au pire le rachat du site par un tiers, au mieux le maintien de l'activité en Normandie. Ce ne sera ni l'un ni l'autre. Pierre Blayau, PDG de Moulinex depuis 4 ans, a sacrifié aux exigences de la rentabilité à court terme en privilégiant le sourcing, une politique de marques dont la conséquence directe reste la fermeture des sites et la casse de l'emploi.

Même les marchés financiers ne croient pas à cette énième restructuration. Le Cours à la bourse de Moulinex a perdu en deux jours 22 à 25%. A Cormelles, on s'interroge encore sur ce sort qui s'acharne alors qu'ici, chacun estime "avoir consenti des efforts conséquents pour éviter ça". Ils ont une moyenne d'âge de 47 ans. Beaucoup y travaillent depuis 20 à 25 ans. une question domine: "qu'allons-nous devenir ? "

Tout allait bien et...

Thierry Lepaon, délégué CGT Groupe n'en revient toujours pas. Même s'il se dit qu'il fait partie de ceux qui savaient que "Blayau nous menait à l'échec avec sa politique financière"

  Comme lui, les 1100 salariés de Cormelles-leRoyal sont abattus mais pas résignés. "On a tout accepté : le regroupement du micro-onde de Carpiquet à Cormelles. Les gens de Carpiquet sont venus travailler ici. Oh a accepté la flexibilité. Six jours travaillés sur sept. On nous a imposé l'annualisation * : des semaines où l'on travaille et d'autres non..." Les efforts étaient multiples et variés. Le blocage des salaires : en trois ans - 9% de salaire net à déplorer. Les gains de productivité ** : + 20%. Le travail est effectué par trois personnes là où il en fallait quatre auparavant. Dans le même temps qu'on annonce une progression du taux de marge de 20 à 25%, une certification iso 9000 et une augmentation du budget de 6%, le coup de grâce est donné sans scrupules.

 

"On s'est foutu du monde". Thierry Lepaon est vert de colère.

Mercredi, 400 à 500 personnes sont descendues dans la rue pour rencontrer le Préfet et lui soumettre la préoccupation première :" pas de licenciement sec". Les pouvoirs publies doivent être mobilisés aux côtés des salariés "pour refuser cettefatalité".

Il y avait 13 sites Moulinex en 1993, 11 usines en 1995, il en reste 9 aujourd'hui et demain il faudra vivre sans les quatre qui sont sur le grill : Cormelles, Falaise, St-Lô, Fresnay. Le début de la fin de l'électroménager en Normandie ? Personne n'ose y penser !

Emile S. FOUDA

 

* organisation du travail dans laquelle le temps de travail est compté sur l'année, et peut varier d'une semaine à l'autre en fonction des commandes.

** quantité produite par rapport à la l'investissement (travail, matériel, capital...)

 

NB : Les syndicats se demndent s'il n'y aurait pas eu abus de biens sociaux. Ils s'intéressent, notamment, aux indemnités versées à d'anciens dirigeants pour un montant de 6 millions d'euros. Dans ce cadre, l'ex-PDG, Pierre Blayau, aurait touché 1,7 million d'euros.

 

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