L'arrêt de la production des fours micro-ondes plonge toute
l'agglomération caennaise sous le choc . On espérait au
pire le rachat du site par un tiers, au mieux le maintien de l'activité
en Normandie. Ce ne sera ni l'un ni l'autre. Pierre Blayau, PDG de Moulinex
depuis 4 ans, a sacrifié aux exigences de la rentabilité
à court terme en privilégiant le sourcing, une politique
de marques dont la conséquence directe reste la fermeture des sites
et la casse de l'emploi.
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Même les marchés financiers ne croient pas à cette
énième restructuration. Le Cours à la bourse de Moulinex
a perdu en deux jours 22 à 25%. A Cormelles, on s'interroge encore
sur ce sort qui s'acharne alors qu'ici, chacun estime "avoir consenti
des efforts conséquents pour éviter ça". Ils
ont une moyenne d'âge de 47 ans. Beaucoup y travaillent depuis 20
à 25 ans. une question domine: "qu'allons-nous devenir ? "
Tout allait bien et...
Thierry Lepaon, délégué CGT Groupe n'en revient
toujours pas. Même s'il se dit qu'il fait partie de ceux qui savaient
que "Blayau nous menait à l'échec avec sa politique financière"
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Comme lui, les 1100 salariés de Cormelles-leRoyal
sont abattus mais pas résignés. "On
a tout accepté : le regroupement du micro-onde de Carpiquet à
Cormelles. Les gens de Carpiquet sont venus travailler ici. Oh a accepté
la flexibilité. Six jours travaillés sur sept. On nous a imposé
l'annualisation * : des semaines où
l'on travaille et d'autres non..." Les efforts étaient multiples
et variés. Le blocage des salaires : en trois ans - 9% de salaire
net à déplorer. Les gains de productivité ** : + 20%.
Le travail est effectué par trois personnes là où il
en fallait quatre auparavant. Dans le même temps qu'on annonce une
progression du taux de marge de 20 à 25%, une certification iso 9000
et une augmentation du budget de 6%, le coup de grâce est donné
sans scrupules. |
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"On s'est foutu du monde". Thierry Lepaon est vert de colère.
Mercredi, 400 à 500 personnes sont descendues dans la rue pour
rencontrer le Préfet et lui soumettre la préoccupation première
:" pas de licenciement sec". Les pouvoirs publies doivent être
mobilisés aux côtés des salariés "pour refuser
cettefatalité".
Il y avait 13 sites Moulinex en 1993, 11 usines en 1995, il en reste
9 aujourd'hui et demain il faudra vivre sans les quatre qui sont sur le
grill : Cormelles, Falaise, St-Lô, Fresnay. Le début de la
fin de l'électroménager en Normandie ? Personne n'ose y
penser !
Emile S. FOUDA
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